Répondant à une petite annonce d’un journal pour SDF une bourgeoise française atypique correspond avec un texan dans le couloir de la mort pour avoir tué un policier à bout portant.
La pièce a été crée à Moscou de manière inspirée dans une petite usine désaffectée par Olga Proscurnina, dans une traduction de Natalia Smirnova.
Le 10 juin Benoît Vitkine, correspondant du Journal Le Monde à Moscou, a fait par de son émotion « Il y a fort à parier que cette pièce soit promise à un grand destin. »
Benoit Vitkine
10 juin 2021
Si vous êtes à Moscou les 12-13-14 juin et que vous savez déjà que la Russie va se faire rétamer par la Belgique, vous avez une chance unique : celle d’assister à une pièce de théâtre d’une puissance et d’une beauté inouïes.
Le « pitch » est tiré comme on dit d’une histoire vraie, et il est saisissant : une dame comme il faut de la banlieue parisienne qui, le jour de son 60e anniversaire, écrit à un Texan détenu dans le couloir de la mort depuis 15 ans. Pourquoi ? Parce qu’elle est une bonne âme, généreuse et croyante, et parce que cet homme est né précisément le même jour qu’elle. Entre les deux, à travers les lettres qu’ils ne vont cesser de s’envoyer, avec toujours plus d’impatience, se noue une amitié d’une sincérité et d’une profondeur peu communes.
La pièce, ce sont trois ans d’échanges épistolaires à peine adaptés/retouchés par l’auteure. Et à travers les mots des deux héros, le criminel et la gentille grand-mère, à travers leurs questionnements, on est emmenés très loin, dans un monde d’une humanité et d’une noirceur infinies. L’amour, la fraternité, la mort… tout cela transparaît avec une simplicité limpide.
La pièce n’a à l’origine rien de russe ; elle l’est devenue par les hasards de la vie. Et c’est heureux que ces textes soient arrivés entre les mains d’Olga Proskurnina. Ce qu’elle en tire est merveilleux et sa mise en scène géniale : elle dit « quest » et ça fait un peu peur, on s’imagine déjà avec un paintball entre les mains, mais on est simplement emmenés de pièce en pièce d’une usine désaffectée, dans des décors et des atmosphères qui adoucissent ou accentuent l’âpreté des mots.
Il y a fort à parier que cette pièce soit promise à un grand destin – vous pourrez dire que vous étiez parmi les premiers. Attention, tout de même, elle sera bientôt adaptée en France, mais pour l’instant c’est bel et bien en russe, lu et joué par des acteurs formidables, Anastasia Popkova en tête. https://the-penfriend.timepad.ru/event/1668866/…
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