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AFS LA TRAGEDIE DU MARECHAL

par | 30 Déc 2022

La tragédie du Maréchal

         « La tragédie du Maréchal »

            Dans son livre, Je brûlerai ma gloire[1], Jacques Boncompain nous montrait quelle avait été la nature exacte du don fait par le Maréchal Pétain à la France écrasée par la défaite de 1940. Alors qu’il était au sommet de sa gloire, le Maréchal avait accepté en toute connaissance de cause, de donner aux Français qui lui demandaient du secours : son confort, ses compétences de général qui en avait imposé aux Allemands, sa personne rassurante et protectrice, mais aussi – et l’on ne peut demander plus grand sacrifice à un soldat fait pour donner seulement sa vie – sa gloire. Nous avions souligné[2] la qualité de la documentation rassemblée par notre auteur, acquise patiemment depuis qu’il avait réalisé un Dictionnaire de l’épuration des gens de lettres paru en 2016.

         Dans le présent ouvrage, La tragédie du Maréchal[3], la documentation est tout aussi abondante et complétée par 104 pages d’Annexes substantielles. Mais l’auteur va plus loin dans l’analyse, pour rejoindre, ce qu’on pourrait nommer, la Geste de France :  c’est bien une tragédiequ’a vécu le Maréchal, au sens épique du terme, face à celui qui a fini par le tuer, mais aussi à diviser durablement la société française. Cette tragédie éclaire en effet d’une lumière sinistre et obscurcissante tout notre XXème siècle ; son ombre s’étend sur le XXIème siècle pour brouiller encore le cours normal de la vie de la nation. L’issue fatale que nous avons vue dans ce que Jacques Boncompain nomme, « l’assassinat » de Pétain, se prolonge dans un autre « assassinat », tout aussi programmé, celui de la mémoire du pays. Comme dans la tragédie antique, les chœurs sont là. Mais au lieu d’être les témoins impuissants et compatissants du drame qui se joue, ils sont sommés de participer, par la voix de nos contemporains à cette mise à mort.

         Le thème central de cette Geste est, le Pouvoir politique : service jusqu’au sacrifice, ou puissance par le sacrifice ! Chacun des protagonistes a illustré une de ces facettes. Mais, dans le même temps, le totalitarisme (nazisme, communisme) prenait possession des pays civilisés, brouillant les cartes du sacrifice et de la puissance.

De Gaulle et la conquête de la puissance

         Pétain et De Gaulle ont la même formation intellectuelle, militaire, religieuse, un même amour de la France. A la faveur de la guerre ils vont être confrontés à l’exercice du pouvoir politique : le premier ne le désire pas, le second part à sa conquête. C’est sur ce point qu’est la grande rupture entre les deux. De Gaulle parti à Londres dès le 17 juin 1940, bataillera jusqu’à ce que le déserteur qu’il était alors, soit reconnu comme le représentant légitime de la France.

1- De Gaulle s’est fait connaître avant-guerre du monde politique par ses livres, Le Fil de l’épée et Vers l’Armée de métier. En 1937 il publie sans le consentement de Pétain qui était son « commanditaire », La France et son armée ; il montre alors qu’il entend prendre ses distances à son égard. Il va ensuite voler de ses propres ailes. Même s’il est un esprit brillant, il n’est pas un génie militaire : il a ainsi convaincu Paul Reynaud d’envoyer les meilleurs unités françaises en Belgique neutre, ce qui conduit à l’effondrement de l’armée française ; il a aussi défendu devant ce même Paul Reynaud la bizarre idée du « Réduit Breton » où se concentreraient tous nos efforts de guerre !

         Conscient de ses capacités il n’admet pas être maintenu dans une position subalterne ; « J’étais un ambitieux », confessera-t-il plus tard. Sachant qu’il ne participera pas au cabinet de Maréchal Pétain, il part tout de suite en Angleterre d’où il lance son fameux Appel. A partir de là il va diviser durablement la société. « Il tient sa grande querelle », écrit Jacques Boncompain.  Notre auteur décrit avec un grand talent comment De Gaulle s’est appuyé sur cet armistice salvateur pour construire sa légende : d’emblée il la diabolise. Le réalisme du Maréchal qui veut éviter à la France de subir le sort de la Pologne et qui tient à garder l’Axe en dehors de l’Empire est autrement plus salvateur. L’armistice doit permettre une pause avant de reprendre la guerre aux côtés des alliés, quand les conditions seraient réunies. Face à ce réalisme De Gaulle pratique le déni de réalité, avec intransigeance, car il est faible. Il ne pense qu’à détruire Pétain. La violence de son discours, très bien mise en évidence par notre auteur, est ici inimaginable.

         En face, il y a le jeu des Anglais ; ils enviaient notre flotte. Et c’est le drame de Mers-el-Kébir. Jacques Boncompain nous en donne une histoire très documentée dans laquelle nous voyons un De Gaulle encourager l’Angleterre à déchaîner le feu sur notre marine aux motifs que la France livrerait des armes à ses ennemis. La sagesse de Pétain qui refuse d’entrer en guerre contre notre alliée, évite le pire.

         2- L’ascension de De Gaulle passe ensuite par l’Empire colonial. Le Maréchal veille jalousement pour le maintenir intact car il est l’espace où la France exerce sa souveraineté et qu’il lui est indispensable pour assurer notre ravitaillement. Il est donc « un atout majeur » de notre futur relèvement. Faisant fi de ces réalités, De Gaulle va lancer ce que Jacques Boncompain appelle, « une fuite en avant ». Les détails de cette action destructrice sont impressionnants. Il s’attaque à Dakar où, avec la propagande anglaise, il dit qu’il y a l’ennemi. Il tente l’aventure avec les Anglais, mais la résistance française est vigoureuse et la population française ne se soulève pas. De Gaulle ne comprend pas que ceux qui ont défendu Dakar, ont ôté aux Allemands un prétexte pour envahir l’Empire, puisque la démonstration aurait été faite que la France n’était plus capable de défendre ses territoires d’outre-mer.

         Acculé à exister, De Gaulle a besoin d’accroître ses forces. Sans l’appui de Churchill, il attaque le Gabon. Il s’ensuit des combats fratricides. Le Maréchal voit bien qu’il n’en veut qu’aux Français et s’en prend uniquement à eux. Le reste suit : c’est l’engrenage du mensonge et de la violence qui va continuer au Liban et en Syrie. L’Angleterre n’ayant jamais admis notre mandat de la SDN dans ces pays, va profiter de la France Libre pour nous en évincer. Les dégâts commis par De Gaulle sont ici incalculables. Il tente de pousser Pétain à la faute. Il faut lire attentivement cette histoire complexe et douloureuse au terme de laquelle le Général par son impatience fait le jeu des Allemands. Il avouera même avoir espéré que Darlan entraînerait la France en guerre au côté de l’Allemagne « afin de prouver la culpabilité des hommes de Vichy ».

         3- La prise de pouvoir s’opère enfin à partir de l’Afrique du Nord. De Gaulle passe par-dessus la législation du pays prévue en cas d’invasion pour créer ses propres institutions : le CFLN qui deviendra le GPRF[4] en 1944. Il s’abrite derrière une Assemblée consultative composée d’hommes à sa dévotion. Il opère un démantèlement sans discernement de l’Administration en place. En 3 mois il conquiert le pouvoir et épure l’armée. La seule allégeance au général vaut brevet de patriotisme. Dès 1943 des ordonnances d’épuration créent à Alger, commissions et tribunaux pour éliminer les traîtres. Le Général ignore la lutte clandestine contre les Allemands que menait Pétain avec Darlan.

         Plus grave encore, il va permettre aux communistes armés par les gaullistes de dominer la Résistance. Tout est argumenté, pesé, soupesé, de cette période trouble. Les descriptions sont longues et précises relatant le démantèlement de l’Administration en place, l’affectation à des postes de responsabilité à des personnes pour simple raison idéologique. Cette politique se retournera contre la population qui aura à faire à des incompétents. C’est ainsi que le rationnement sera plus sévère à la Libération que sous l’Occupation.

         Le schéma sera le même en Indochine où le Maréchal avait une grande aura auprès de la population. De Gaulle va faire en sorte de faire perdre à la France le crédit dont elle disposait. Là encore le dossier est très chargé, les arguments avancés sont imparables. Partout où il passera la tempête se lèvera, il éliminera moralement ou physiquement toute personne pouvant lui faire de l’ombre : Muselier, Darlan, Giraud, Pétain, Juin. Sa marche vers la descente triomphale des Champs-Élysées est impressionnante ; elle est jonchée de cadavres, de ruse et de violence. Nous avons de la peine à le dire, mais Churchill comme Roosevelt reconnaissent sa « méchanceté ». Jacques Boncompain démontre à travers ses pratiques de gouvernement qu’il avait chez lui « une effrayante acceptation de la violence d’État ».

         4- Le pacte avec les communistes va donner toute sa mesure à cette violence. Les révélations de notre auteur sont ici très importantes. C’est De Gaulle qui demande de nouer des relations directes avec les soviétiques. Pour lui la question du régime politique importe peu. Il propose à Staline d’établir un front commun avec lui alors qu’il ne pèse rien. Il devient donc son compagnon de route. Staline se fait désirer. De Gaulle veut la reconnaissance de la France Libre, Staline veut des engagements en faveur des travailleurs inféodés à Moscou. De Gaulle va donc faire collusion avec un parti dissous par Daladier, qui a poussé à la défaite et a invité les ouvriers français à accueillir les soldats ennemis en frères. Jacques Boncompain décrit très minutieusement l’action du PC pendant la guerre. De Gaulle s’appuie sur ce parti pour étendre son influence sur la France.

         Avec le débarquement, le sol de la France est changé en champ de bataille. De Gaulle veut le pouvoir et la descente sur les Champs-Élysées. Il va tout faire pour arriver à ce résultat, mais cela ne servira pas la France. Il est le naufrageur qui justifie des destructions inouïes : Renault, la Côte normande, le Vercors ; il est contre les solutions prônées par Juin et Giraud dont il ne supportait pas les succès. Il veut la révolution en France avec le PC, pour être appelé en sauveur.

Le calvaire du Maréchal

 

         Nous employons à dessein le terme calvaire, car il exprime mieux, nous semble-t-il, l’ampleur d’un sacrifice qui s’est voulu salvateur et qui doit porter du fruit. Ce sacrifice culmine au moment du procès de Pétain. La décision du jugement avait été prise par le CFLN, dès le 3 septembre 1943. Il était entendu que le Maréchal et ses ministres s’étaient rendus coupables de crimes dont ils devraient rendre compte. On notera que, dans l’inventaire de ces crimes, dont le premier est « un armistice contraire à la volonté du peuple », sont ignorées les rafles des Juifs.

         Le 20 août 1944 la police allemande arrête le Maréchal et le déporte à Sigmaringen ; mais Pétain veut rentrer en France pour défendre son honneur. De Gaulle fait tout pour éviter la confrontation. Un jugement par contumace aurait été pour lui la meilleure solution. Jacques Boncompain décrit avec précision et sans passion les éléments du procès hors norme – on devrait dire hors du droit – qui va se dérouler à partir du lundi 23 juillet 1945. Tout est en effet biaisé, dès le départ.

          D’emblée, la compétence de la Haute Cour de Justice instituée par l’ordonnance du 13 novembre 1944, est contestée par les défenseurs du Maréchal, au motif que les lois constitutionnelles de 1875 avaient prévu une solution parlementaire pour juger des actes de trahison. Ensuite, les membres du jury sont tirés au sort, sur une liste arbitraire composée principalement d’adversaires du Maréchal. Les charges retenues à l’encontre du prévenu sont : l’attentat contre la sûreté de l’État et l’intelligence avec l’ennemi. La déclaration faite alors par le Maréchal n’en prend que plus de relief. Notre auteur nous en donne fort heureusement l’ensemble. Elle est une justification très argumentée de son action depuis l’armistice. Le style en est précis, sans emphase ni sentiment de rancœur. Nous en connaissons tous quelques éléments. Retenons ici ce qui est, à nos yeux, le cœur du problème et auquel nous devons plus que jamais nous référer : « … je représente une tradition, qui est celle de la civilisation française et chrétienne, face aux excès de toutes les tyrannies », « … la France … a grand besoin de se retrouver et de s’aimer pour reprendre la place qu’elle tenait autrefois parmi les nations ». L’essentiel est dit : le Maréchal a mené le combat civilisationnel de la France qui est celui de la chrétienté.

         Mais, tout dans le procès va être entrepris, pour qu’il ne soit plus jamais question de ce que fut la France que Pétain voulait protéger. Parmi les nombreuses irrégularités relevées par maître Isorni, notons que des pièces favorables à l’accusé ne sont pas fournies, les témoins sont muselés, leur déposition édulcorée. Et pourtant, les nombreux témoignages concernant les bienfaits de l’armistice concordent : elle a rendu service aux Anglais, grâce à elle la situation de la France est meilleure qu’ailleurs.

         Le réquisitoire du procureur général Mornet ajoute quelques marches encore au calvaire du Maréchal. Annonçant par avance le wokisme et la cancel culture de notre époque, le procureur dit être celui qui révèle au pays qu’il a été trompé. Fort de cette prise de conscience, il réclame que soit effacé toute trace, tout souvenir de ceux qui ont contribué à cette oppression. Il en découle que Pétain et Vichy n’auraient jamais dû exister, qu’il doivent être rayés de la mémoire et de l’histoire. Cette malédiction continue tant que leur souvenir perdure. La peine de mort est en l’occurrence la seule solution qui convienne. Les acteurs et témoins de cette période conviés à la barre ne serviront qu’à recouvrir cette injustice du manteau d’une procédure contradictoire.

         Tout y passe. Même si les faits les mieux établis plaident pour un armistice, celui-ci est qualifié de capitulation demandée par un Pétain félon. Ce même Pétain loué pour sa compétence, est en réalité un défaitiste incompétent ; sa grande clairvoyance sur l’état de l’armée et sur les indispensables crédits refusés par la IIIème République, n’est pas prise en considération. Les acteurs du procès n’ont pas voulu voir que le Maréchal avait dû mener 2 batailles. A l’intérieur, il s’est occupé de la jeunesse afin de l’aider à préparer son avenir, il a dirigé l’économie, contrôlé les pouvoirs. Avec les Allemands les négociations étaient vitales ; il ne faut pas oublier que 2 millions de prisonniers servaient d’otage. En même temps, il ne voulait pas se couper des Etats-Unis et de l’Angleterre. Il était donc obligé de cacher ses intentions et attendait la délivrance finale. Contrairement à ce que certains croyaient il n’était pas résigné et se servait de la collaboration comme d’un « écran de fumée ».

         Les témoignages favorables ont beau se multiplier, la Haute Cour est dans un autre registre et le procès s’oriente inexorablement vers une condamnation à mort, voulue dès le début par le Général. Pétain qui ne se fait aucune illusion sur le verdict, dit compter sur le peuple français qui n’oubliera pas tout ce qu’il a tenté pour le protéger. L’opinion est d’abord hostile à la condamnation à mort. Mais, travaillée par De Gaulle et les médias, elle va vite s’inverser. Pétain, qui voit le long terme, compte finalement sur le « jugement de l’histoire ». Justement, notre auteur soumet à ce jugement un bilan largement positif qu’il oppose à celui de De Gaulle largement négatif. Rien n’y fait. Jusqu’au bout de sa vie et même après, il sera abaissé par le Pouvoir. Ainsi le ministre de l’Intérieur rédige une instruction, « Toilette du défunt », dans laquelle il demande que Philippe Pétain soit, une fois mort, revêtu « d’un costume civil ». Les 8 pourvois en révision de son procès seront tous rejetés : René Pléven répondra en 1972 qu’il « n’y aurait pas d’autre révision que celle de l’Histoire ».

Un calvaire prolongé

 

         Tout ce qui a touché de près ou de loin au Maréchal doit subir le même opprobre et être condamné. L’épuration est la grande affaire de l’après-guerre. Mais elle était prévue bien avant, puisque dès le 22 octobre 1942, la radio gaulliste annonçait qu’un million de Français devraient répondre de leurs rapports avec les Allemands. Les victimes de cette persécution sont condamnées sans procès, pendues, tuées d’une balle, torturées, tondues, déshonorées. Le refus opposé par De Gaulle donne à l’épuration un caractère inexpiable. La haine qu’il avait choisie dès le début, le 18 juin, puis son pacte avec les communistes, expliquent cela. Les témoignages abondent : il a voulu cette épuration « avec passion », écrit Jacques Boncompain. Pour De Gaulle et son entourage, l’équation est très simple : Vichy égale la collaboration, la collaboration est un crime, toute personne qui a servi Vichy est collaborateur de l’Allemagne. L’épuration est donc vertueuse. En face, le Maréchal et Pie XII sont pour l’entente. Les tentatives en ce sens sont très nombreuses et très détaillées par l’auteur. Jusqu’à la fin Pétain recommandera de s’entendre avec De Gaulle si l’intérêt de la France l’exige.

         L’épuration sera justifiée en droit par 2 notions : l’indignité et l’intelligence avec l’ennemi. La première oblige à adopter le principe de rétroactivité de la loi pénale contraire au droit français. Les juristes et le législateur tentent de justifier ces dévoiements qui seront repris dans l’ordonnance du 26 août 1944. Une grande partie de la nation sera ainsi écartée du pouvoir politique et économique. Comme le montrent les motifs de l’ordonnance du 26 août, il s’agit de faire place nette pour un nouveau régime. Toute une législation se met en place qui s’inspire de la Terreur.

         Ainsi, il n’y a pas que les « collaborateurs qui souffrent, mais tout le pays, et le mal dure encore : ses effets sont incalculables. En effet, à la faveur de l’épuration l’essentiel des élites de la France est supprimé. Ces dernières manqueront cruellement pour relever le pays. En outre, en donnant un rôle aussi capital aux communistes, De Gaulle a largement permis la marxisation de la société française ; désormais le sentiment de vengeance prime tout. Jacques Boncompain, qui a étudié par ailleurs l’épuration des gens de lettres, fait une intéressante comparaison entre la censure sous Vichy et après la guerre. Sous l’Occupation, l’esprit d’ouverture est très grand ; avec l’épuration, il disparaît pour laisser place à ce qu’un ecclésiastique a nommé « un régime d’abattoir ». Le clergé sera aussi touché ; le Général remodèlera l’épiscopat. L’armée et la marine connaîtront la même fièvre épuratrice, sous la pression des communistes qui s’attaqueront aux meilleurs des hommes de ces forces ; Roosevelt en sera fortement scandalisé. L’Administration et les médias ne sont pas en reste. Sur tous ces sujets Jacques Boncompain nous livre une impressionnante documentation qu’il maîtrise admirablement … et qui nous laisse consterné devant tant de gâchis.

                                            Conclusion

 

          Parlant du Général, Salazar s’était demandé comment un homme qui pouvait faire tant de bien avait fait autant de mal. Et pourtant le Général avait de nombreux atouts relevés par notre auteur et remarqués dès le début de sa carrière par le Maréchal. Mais, comme l’écrit J. Boncompain : « S’il n’était pas tout, il aurait eu le sentiment de n’être rien et se serait effondré ». Sa légitimité reposait sur l’illégitimité de Vichy. Faute d’avoir partagé le sort des Français, il n’avait pas compris leurs souffrances. Pétain qui avait vu les détresses de l’Exode avait voulu rester. Il avait été élevé dans l’esprit de sacrifice et, après avoir aspiré à être prêtre, s’était voué à la France jusqu’à lui donner sa gloire. Mais, pour l’instant il n’y a rien à faire, il est considéré plus que jamais comme le pire des criminels. Le Maréchal le pressentait quand il disait « mais j’ai confiance dans le jugement de l’histoire ». C’est justement sur ce terrain que la bataille fait rage actuellement : Jacques Boncompain apporte ici tous les arguments pour une victoire de la vérité. Il faut donc persévérer dans ce combat pour mériter enfin ce « jugement ».

Marie-Pauline Deswarte

 

[1]J. Boncompain, Je brûlerai ma gloire, Muller Éditions, 2019, 710 p.

[2]V. AFS, n° 274, avril 2021. Nous recommandons à nos lecteurs les analyses très éclairantes de Ch. Darcis sur L’armistice de 1940 : vérités oubliées, AFS, n° 271, octobre 2020.

[3]J. Boncompain, La tragédie du Maréchal, Muller Éditions, 2022, 812 p.

[4]Comité Français de Libération Nationale et Gouvernement Provisoire de la République Française.

 

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