MONTPELLIER DANSE 2:3-24 juillet 1992
COLLOQUE
LE STATUT DU DANSEUR EN EUROPE
I) LA DANSE DANS LES PAYS DE LA CEE.
1) La danse en Italie : (Bruno Grieco.)
La situation n’est pas bonne en raison du désintérêt de l’Etat pour des raisons historiques. Les 24 théâtres de tradition et les 12 théâtres lyriques
absorbent la moitié du budget global de 4,5 Milliards de francs en 1991. 2,5 milliards pour le lyrique, 51O millions pour la musique non lyrique 9OO millions de francs pour le cinéma et 35 pour la danse, soit 4% du budet des spectacles..
La danse est perçue comme un complément du théâtre lyique. Certains théâtres lyriques ont un corps de ballet. 33O danseurs donnent 35O
représentations par an.
Au colloque de Rome on a demandé l’autonomie de la danse au regard
de la musique, la prompotion des jeunes danseurs et la création d’un centre de la danse bien équipé.
Il y a une Académie de la Danse à Rome et 3 écoles auprès de théâtres lyriques, enfin 1.OOO écoles privées sans contrôle.
En octobre prochain se tiendront à Strasbourg les Assises Européènnes de la MUsique, organisé par le CEM, ou Comité Euroéen
de la Musique.
Miskovich reçoit une retraite d’Italie. Pas de frontières. La cour constitutionnelle a déclaré en 1974 l’art libre. Viennent les artistes qui le
veulent, de n’importe quel pays.
Les danseurs des compagnies lyriques connaissent leurs droits et
s’économisent. Les indépendants se défoncent.
2) Espagne. Germana Civera.
Commen en Italie, la danse autre que folklorique est un art neuf, apparu au début des années 8O. Il y a deux compagnies nationales.
A titre d’exemple le gouvernement de la Catalogne verse à la danse 7% de ce que reçoit le théâtre et 1O% la musique.
La danse survit car l’aide publique est insuffisante pour permettre la professionnalisation. Les danseurs s’expatrient. Pas de compagnies
stables. Les danseurs se partagent entre plusieurs compagnies et exercent souvent un deuxème métier. Les conditions de la protection sociale sont très difficiles à réunir.
3) Grande-Bretagne. Susan Hoyle.
Malgrè des conditions de travail difficiles la danse est bien vivante. On relève 2OO troupes de jeunes ,15O animateurs, 6 centres nationaux. 6
milliions de personnes pratiquent la danse. 3O.OOO personnes en vivent. A la TV la danse a deux fois plus de spectateurs que l’opéra. En 5 ans le budget a doublé. : aides aux compositeurs, à la recherche artistique. La danse était populaire dans le peuple avant de gagner l’aristocratie.
Mais la danse ne représente que 11% du buget de l’Arts Council. Seules les villes de Halifax et Birmingham versent des subventions et seulement
pour la danse classique.
Ecoles jusqu’à l’âge de 11 ans. Possibilité de passer un doctorat. 15
compagnies professionnelles seulement sont subventionnées par l’Arts Council dont 2 classiques. 3O% des danseurs sont salariés avec studio et droit à la sécurité sociale, retraite à 35 ans. Les autres, indépendants, vivent difficilement. Le travail est dur. L’English National Ballet comprend 6O danseurs et donne 25O représentations.
Demande d’une charte de la danse.
4) Hollande. Paul Bronkhorst.
En 1991 on relevait 7OO danseurs. Les danseurs des compagnies subventionnées bénéficient d’une protection sociale. 2 compagnies
modernes, une classique.
5) Belgique . Cecilia de Moor.
La protection sociale est bonne mais peu de danseurs y accèdent en pratique. Conditions de W difficiles, faibles salaires.
Propositions des danseurs belges :
– Que tout danseur, salarié ou non, relève du régime général de la Sécurité sociale.
– Bénéfice de l’étalement fiscal.
6) Allemagne. Hans Herdlein.
Les problèmes du danseur ne sont pas pris en compte. 1OO compagnies existent qui sont rattachées à des théâtres et des opéras.
Quelques compagnies ont des moyens (Munich, Stuttgart), ailleurs il y a
des problèmes financiers, et la danse est dépendante de la musique. Avec la réunification, les 5 nouveaux landers ont ajouté autant de lieux
de spectacles qu’il y en avait en RFA. Ces 5 landers ont reçu 9OO Millions de marks en 1992, mais ne recevront que 738 M. en 1993.
Le contrat de travail est de 12 mois. Accès à la Sécurité Sociale. Il faut de meilleures conventions collectives. Les danseurs indépendants sont
fragiles. Le statut actuel est le fruit de 3O ans d’actions.
Au sein de la CEE, il ne faut pas que les règles de la concurrence soient
un obstacle à l’attribution de subventions.
7) France. Philippe le Moal. Conseiller de la Cie Santiago.
Il n’y a pas de statut du danseur en France, mais des dispositions spécifiques pour les artistes interprétes.
Présomption de salariat. Pas d’opposition entre le salarié et l’indépendant. (Loi et code du W.)
L’indemnisation du chomage ne relève pas de la loi mais d’un accord entre patronat et salariés. Régime interprofessionneL. La caisse des
congés spectacles est accessible aux intermittants.
On compte environ 2.8OO danseurs en France, dont 23% de
permanents dans les ballets classiques ou les centres chorégraphiques régionaux. Les autres sont des intermittants.
Dans le domaine du spectacle, par dérogation, il est possible d’avoir des contrats à durée déterminée, successifs. On peut cumuler le salariat et
l’intermittant.
Avec 5O7 heures ou 53 cachets, on est indemnisé pendant 6 mois.
Pour la deuxième année, avec 5O7 heure, on est indemnisé pendant un an.
La Convention d’assurance chomage est en cours de renégociation. Abattement fiscal de 25% pour frais professionnels.
La nouvelle danse est née des danseurs, mais l’Etat a accompagné le
mouvement. Aide à la production, à la diffusion. L’augmentation des coûts résulte de l’amélioration de la conditon du danseur.
A noter qu’il est de l’obligation de l’employeur de déclarer un accident du travail. Sinon il s’expose à être responsable de l’indemnisation. Le danseur
a intérêt à déclarer l’accident, même véniel en apparence, car il peut être plus sérieux.
Lacunes :
Non aménagement particulier du dispositif pour congé de maternité. – Des maladies spécifiques du danseur ne sont pas reconnues.
Certaines lésions, les ménisques.
– L’abattement fiscal a des effets pervers car les cotisations sociales ne
s’imputent pas dessus.
II) LE CORPS EN JEU
1) Susan Hoyle :
Dance UK se bat pour une charte du danseur, lequel n’est pas qu’un corps mais aussi un être pensant. Que les répétitions soient adaptées à la
santé.
2) Geneviève Mordant, chercheur au CNRS.
Eclairage de la psychologie du danseur.
Statut, statue du danseur. Le désir ne se codifie pas. Pourquoi le
danseur offre-t-il son corps ? Le chorégraphe parle au danseur en premier puis la parole est mise en image par le danseur. Le corps du danseur est modelé par le langage et le mouvement. Le danseur est en attente du chorégraphe.
Relation du danseur et du spectateur : le regard.
3) Christian Trouillas, danseur.
Le dansuer communique aux autres des espaces de liberté. La nouvelle danse française a été stimulée par la venue de Carolyn Carlson à l’Opéra
à la demande Ralph Liberman. Effet déterminant.
Le danseur a aussi recours au yoga, aux arts martiaux, pour connaître
son corps.
4) Christian Benezis, médecin sportif.
Le médecin est trop souvent considéré comme un carrossier. Il est aussi le mécanicien qui met au point : permettre au danseur d’avoir une
meilleure connaissance de son corps. Enfin, il doit être aussi le conseiller, qui aide à la prévention, permettant au danseur de danser plus longtemps.
5) Françoise Gaudin, consultant.
Enquête conduite au sein de la CEE auprès de 12 hommes de 24 à 45 ans, sur la prise de risques.
– Raisons techniques.
Existent, mais ce ne sont pas les plus fréquentes. ( sol trop dur,
climatisation, manque d’espace.)
– Rapports entre partenaires de travail.
Au cours de la formation : entraînement trop violent, sans échauffement.
Avec les chorégraphes. Période de création. Le corps se fatigue trop. La chorégraphie doit respecter le corps, sinon changer. Tenir compte de
chaque danseur qui est différent. Eviter le dépassement des limites. Pulsion du spectacle = défonce. Pression du groupe. Nécessité de se
maintenir dans la concurrence.
Manque de connaissance de sa physiologie. Manque de soins. Coût
trop élevé, pas de mutuelle. Préférence pour la médecine douce. Connaissance de son corps : Technique Alexander.
Mythe de la jeunesse. Problème de reconversion.
6) Stanislas Wisniewski.
Du Lyon Opéra Ballet. (3O danseurs.) Souffre d’une hernie discale. Le médecin l’a consolidé mais il n’est pas guéri et doit vivre avec son
handicap. A besoin de soins jusqu’à la fin de sa carrière. Demande la gratuité des soins pour tous les danseurs. Entre 2O et 3O
ans on accumule les petits pépins. Après, inhibition. Jusque-là, le danseur ne pense pas à la souffrance.
7) Susan Buirge.
– Autrefois les chorégraphes étaient danseurs. Les limites étaient intégrées dans la chorégraphie. Les danseurs se donnent à 1OO/1OO.
– La relation a changé. Aujourd’hui les chorégraphes étudient comment se partagent les responsabilités avec les danseurs.
Tout art est confrontation à la mort.
Le danseur américain est trop médicalisé. Toutefois il faut garder
l’expérimentation sur un terrain d’entente médicale. ( Susan est fille de médecin.)
La danse est tout, non le danseur, elle est un lieu de synthèse, visuel, musical. Le corps n’et pas tout. Le danseur est un être humain. Le danseur est un artiste. Son travail ne commence pas quand il entre au studio. Idem
pour le chorégraphe.
Veut qu’on cite les artistes dans les articles de presse : rôle de la presse
comme archives pus tard.
– Voudrait qu’il y ait un prix de la danse comme il y a le prix Suzanne
Bianchetti à la SACD. Moyen de reconnaissance de la noblesse de la danse.
– Publication de livres qui ne soit pas que de photos. Que les danseurs fassent connaître leurs souffrances.
8) Germana Civera.
– Vieillissement et danse classique.
Le vieillissement précoce est un mythe. La danse classique est un idéal
esthétique extérieur au corps. Ex : Statuaire antique.
La danse classique demande une morphologie particulière. La
techinicité permet de palier les limites du corps.
– Vieilissement et danse contemporaine.
Elle est accessible à tous les corps car ses formes d’art partent de la
réalité.
Les danseurs contemporains ne s’arrêtent pas de danser à cause des
blessures mais par idée reçue : pensent qu’ils ne peuvent plus, n’ont plus le droit de danser. Ils se laissent aller. Il y a aussi la pression sociale..
9) Patrick Bossati, journaliste.
L’association Sida. Solidarité. Spectacle. a été crée à l’issue d’un colloque créé par Montanari. Attitude de la compagnie vis-à-vis de l’un des
danseurs atteint. Bulletin adressé à 5.OOO personnes.
Dans certains pays, des tests sont imposés aux frontières. Prévention :
emporter du matériel médical faisant défaut dans le pays où l’on se rend. 1O) Lucas Van Dapperen. Danseur sidaique en reconversion.
Le corps est un instrument de travail. Il est aimé, soigné. Depuis qu’il est atteint, V. D. met plus de profondeur dans son interprétation, mais il ne se
ménage pas toujours assez. Des projets lui donnent envie de vivre et la solidarité qui s’est manifestée autour de lui. Nécessaire reconversion. Relations publiques d’une compagnie. Des amis s’étaient cotisés pour qu’il puisse vivre.
11) Xavier Timmel.
L’ADAMI a réparti 1OO millions de francs en 1991, tant pour la copie privée que pour la rémunération équitable (enregistrements et diffusions
d’enregistrements).
La condition d’une aide est de respecter les droits sociaux des danseurs.
4O% des danseurs ne’ont jamais déclaré les accidents du travail dont ils ont été victimes.
En France la FDAS peut participerà la reconversion d’un danseur. Pb. Le danseur est le seul professionnel qui doive payer pour son
entrainement. 1.OOO francs par mois en moyenne. 12) Edgard Dana.
En France il n’y a pas de frontièrs pour les danseurs. Comme le marché n’est pas contesté, il doit être équilibré.
12OO frs à la journée à la TV, 2.OOO au cinéma et pour une comédie musicale.
13) Thomas Schrode.
Les régimes de pension ne sont pas pris en considération par les danseurs pour aller ou non dans un pays. Seule compte l’assurance d’être
payé.
Considère que les danseurs sont coauteurs des chorégraphies avec le
chorégraphe en titre, pour moitié.
Les règles ne doivent pas tuer la création.
Les danseurs sont trop peu nombreux pour exercer des pressions ; ils doivent s’associer aux autres artistes et personnels du spectacle.
14) Sylvie Feit du SFA.
1.2OO.OOO danseurs amateurs en France.
Sur 2.8OO professionnels, 18OO seulement bénéficient des congés
spectacles. Tentative du SNPF de marginaliser les artistes pour la protection sociale.
15) Marie Madeleine Krust, consultant ADAMI.
Pour les clips, les danseurs sont rémunérés comme artistes de complément, lesquels sont exclus des droits voisins. Idem en Espagne. En
Allemagne, silence de la loi.
CEE. Proposition de recommandation pour une convergence de la
protection sociale et non une harmonisation : – Minimum de vie décent.
– Retraite suffisante.
– Prestations sociales à la hauteur des besoins.
16) M. André Nayer.
A élaboré un projet.
– Régime général de la SS pour tous les artistes.
– Contribution sociale assise, non sur les rémunérations, mais le chiffre
d’affaire des employeurs, ceci afin de ne pas menacer l’emploi.
Le secteur culturel est économiquement important et le retour pour
l’artiste est faible.
III) SYNTHESE
1) André Nayer Professeur à l’Université libre de Bruxelles
Que veut- on ?
Quel financement de la protection sociale ?
Le système actuel ne fonctionne que par la tolérance administrative qui
peut-être remise en question à tout moment. Nécessité du recours au droit .
– Quel type de relation individuelle et comment la formaliser ? – Quel type de relation collective et comment la formaliser ? – Prévention.
2) Michel MAGNIEN, avocat à la cour de Paris
A) Objectifs.
a) Reconnaissance morale, sociale, psychologique de la qualité du
danseur au côté du chorégraphe. Jalousie du chorégraphe.
b) Définir les spécificités du danseur par rapport aux autres artistes interprétes.
B) Moyens
a) Utiliser le droit existants.
– centre de formation et d’orientation de la danse en France.
– User des règles du détachement qui permet de rester salarié de son
entreprise, en allant travailler ailleurs pendant un certain temps. b) Modifier et compléter ce qui existe.
ex : Projet de M. Nayer en Belgique, pour un statut social du danseur. L’interlocuteur est souvent paresseux. Il faut être auprès de lui une force
de proposition active. Le projet peut être renforcé par une étude actuarielle qui en précise la fiabilité et l’impact.
3) Jean Pomarés. Inspecteur de la danse au Languedoc Roussillon. Mentionne le CIED créé il y a un an comme un lieu de ressources, en
France, et de relations internationales.;
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